Le sage *3
Ça part un peu dans la science-fiction, je me demande comment ça va se poursuivre...
« Dieu existe-t-il? continua Zarathoustra.
- Il existe pour celui qui veut bien croire en lui, répondit le Sage.
- Crois-tu en lui? réessaya Zarathoustra.
- J'ai longtemps cru que je pensais qu'il n'existait pas, avant de me rendre compte que j'ai toujours cru en son existence: depuis toujours je lui parle, je lui pose des questions utiles ou non, lui demande des conseils que je suis ou non, je me cherche en lui...
- Tu crois donc en lui? redemanda Zarathoustra.
- Je ne peux pas dire s'il existe, mais je crois en lui: j'espère qu'il est réel et je fais de mon mieux pour ne pas le décevoir.
- Dieu est un ami pour toi?
- Je lui parle ouvertement, je n'ai rien à lui cacher car il voit déjà tout.
- Voit-il les hommes prendre plaisir à se faire souffrir? Je préférerai encore qu'il soit aveugle!
- Il voit que nous le cherchons dans le travail, dans la souffrance, dans le plaisir, dans l'égocentrisme...
- Quel lien y'a-t-il entre la souffrance, l'égocentrisme et Dieu?
- L'homme. »
Une silhouette sombre approcha des deux hommes, mais même en s'approchant elle restait toujours aussi sombre. Elle s'approcha jusqu'à être en face des deux hommes.
« Vous êtes le Sage et Zarathoustra n'est-ce pas? se contenta-t-elle de dire.
- Tout à fait répondit Zarathoustra.
- Peut-être, répondit le Sage.
- Moi, et mes amis, on nous appelle Néant.
- Dis-moi Néant, crois-tu en Dieu? demanda instinctivement le Sage.
- Non, et cela me facilite la vie.
- Je n'ai pourtant pas l'impression que ta vie soit facile.
- Tu as dit "...on nous appelle Néant", pourquoi as-tu dit "nous"?
- Il y a deux catégories sur terre, les "hommes", créatures de "l'existence", et nous, les "Néant", créature du "ne-gentem". Normalement les deux catégories ne se rencontrent jamais. Les créatures d'une catégorie ne sont censé jamais connaître l'existence de l'autre.
- Que fais-tu ici alors? demanda Zarathoustra.
- Je n'en sais rien...
- Comment est-ce dans le "ne-gentem"? dit le Sage plein de curiosité.
- C'est ennuyeux, il n'y a rien à faire.
- La nourriture? La boisson? L'amour? Le travail?
- Nous ne connaissons rien de tout cela.
- La peine? La tristesse? La morosité? Le doute? L'ignorance?
- Cela nous est inconnu.
- Que faîtes-vous? interrogea Zarathoustra.
- Nous pensons.
- A quoi pensez-vous alors? enchaîna le Sage.
- A la stupidité de l'existence... »